Entretien avec Christine Formaz, militante à l’IMAD
Christine, on entend tout et n’importe quoi en matière des chiffres. Oui, chacun-e y va des chiffres qui l’arrangent…
Les référendaires mentionnent des baisses très importantes de rentes. Sont-elles justes ? Oui et non. Le problème est qu’ils-elles font totalement abstraction du plan pénibilité et des mesures transitoires. Cela fausse beaucoup le débat.
De quelle manière ? Prenons la question de la pénibilité. Les référendaires décrivent des augmentations de cotisations résultant du passage de l’âge-pivot de 60 ans à 64 ans pour les affilié-e-s à la CEH. Mais ils-elles omettent de dire que pour la grande majorité du personnel affilié à la CEH, l’âge-pivot ne passera qu’à 61 ans, en raison de la prise en compte de la pénibilité physique du travail. Pour ces catégories de salarié-e-s, la baisse de rente sera donc beaucoup moins élevée que ce que prétendent les référendaires.
Et les mesures transitoires ? C’est l’autre élément qui change tout ! Les référendaires comparent le montant actuel des rentes avec celui d’un-e salarié-e qui commencera sa carrière dans la nouvelle caisse et qui touchera sa rente dans 40 ans ! Cette comparaison est assez théorique, car qui peut dire aujourd’hui de quoi sera fait le système de retraite dans 40 ans ? Pour tous-tes les autres, soit celles et ceux déjà affilié-e aujourd’hui à la CIA ou à la CEH, les baisses de rentes seront nettement moins importantes selon qu’ils-sont proches ou non de l’âge de la retraite, et nulles pour celles et ceux qui auront 58 ans et plus au moment du basculement dans le nouveau plan.
Et le coût global ? On entend de tout aussi. 5,2 milliards étalés sur 40 ans, c’est le coût correspondant à l’augmentation des cotisations de l’employeur (130 millions par an). A ce montant s’ajoute le financement additionnel 800 millions versé immédiatement à la CIA pour couvrir les engagements envers les pensionné-e-s, et 350 millions de provisions pour 2030. Total pour l’Etat : 6,3 milliards. A ce montant s’ajoute la part des cotisations des salarié-e-s : 1,7 milliard, également étalés sur 40 ans. Total employeurs-employés : 9 milliards. Mais si l’on considère les baisses de rente, la part de l’effort supportée par les employé-e-s, actifs-ves ou futur-e-s retraité-e-s, est de 55%.
Ces chiffres sont énormes, et la part supportée par les salarié-e-s très importante. Oui, mais ils découlent des contraintes imposées par le droit fédéral, qu’il faut bien appliquer, aussi absurde soit-il. Et ce n’est encore rien en regard de ce qui se passerait si la LCPEG était refusée le 3 mars prochain. La facture pour l’Etat risque d’augmenter sensiblement, et celle pour les salarié-e-s de doubler, si par exemple la répartition des cotisations 2/3 – 1/3 devait être abandonnée.