Communiqué de presse de la CGAS du 15 mai 2024
C’est avec une profonde inquiétude que la Communauté genevoise d’action syndicale (CGAS) réagit à l’évacuation policière particulièrement brutale, exécutée dans la nuit du 14 mai, du hall de Uni Mail occupé pacifiquement par des étudiant-e-s solidaires de la population gazaouie.
Alors que cette occupation n’empêchait nullement la tenue des cours, qu’elle se déroulait en toute transparence et de manière particulièrement pacifique, c’est à une évacuation digne d’un film policier que la police a procédé, en menottant comme des criminel-le-s des étudiant-e-s pacifiques.
Le message ainsi donné par le département de Madame Hiltpold est clair : au nom du combat contre un soi-disant « militantisme à l’uni », c’est la dénonciation pacifique d’un génocide en cours qu’on judiciarise.
Si la CGAS prend acte avec soulagement du retrait des plaintes par l’Université de Genève contre les étudiant-e-s concerné-e-s, c’est bien là la moindre des choses et cela ne réduit en rien la gravité de la répression. Fort heureusement, les étudiant-e-s ne seront pas poursuivi-e-s et le Rectorat ne saisira pas le conseil disciplinaire pour le seul fait de l’occupation. Mais des menaces de sanctions, que la CGAS condamne avec la même fermeté, planent encore sur les occupant-e-s pacifiques.
De plus, la fermeture au public des bâtiments universitaires pendant plusieurs jours a elle aussi constitué une atteinte majeure portée au principe de l’Alma mater comme lieu de la réflexion et de recherche du bien commun ouvert sur la cité.
C’est grave, ce sont des fondements de civilisation vieux d’au moins cinq siècles qu’on bafoue allègrement en ces jours à Genève.
Plus fondamentalement, la CGAS condamne la dérive de judiciarisation des conflits sociaux dans laquelle cette évacuation s’inscrit. En déposant plainte contre les étudiant-e-s, le Rectorat a ouvert la porte à l’intervention policière sous autorité du Ministère public. Une méthode à laquelle certains employeurs peu soucieux des droits démocratiques n’hésitent pas à recourir pour casser des grèves ou tenter de bâillonner les syndicats et les salarié-e-s.
Et il n’en reste pas moins que le gouvernement cantonal porte également une lourde responsabilité politique dans cette évacuation. D’abord en sifflant la fin de l’occupation, plutôt qu’en garantissant l’expression d’un mouvement social légitime, et ensuite en détournant le regard plutôt qu’en proposant ses bons offices lorsque le dialogue s’est rompu.
Par conséquent, la CGAS exige :
• l’abandon de toute sanction disciplinaire ou menace à l’égard des étudiant-e-s
concerné-e-s ;
• la relance de la négociation et de la discussion avec les étudiant-e-s sur leurs
demandes légitimes ;
• l’engagement ferme du Conseil d’Etat à garantir et protéger la liberté d’expression, de réunion, de manifestation, de grève et de toute forme de protestation sociale pacifique.