Contre-vérités, désinformation et dénigrement du personnel : l’association genevoise des architectes (AGA) désormais sur la même ligne que la droite patronale la plus dure !
Après de longs mois de négociations, fin 2023 les syndicats Sit et Unia ont dénoncé la convention collective de travail des bureaux d’architectes pour le 31 mai 2024, constatant l’impossibilité de trouver un accord salarial convenable avec l’association genevoise des architectes (AGA).
Suite à cela, au lieu de renégocier sur des bases saines entre partenaires sociaux selon les usages, l’AGA s’est empressée de signer une nouvelle CCT avec un syndicat concurrent de la place, inactif dans le secteur. D’une durée de 4 ans, elle n’apporte aucun changement à la grille des salaires en vigueur !
En réaction à cette manœuvre inacceptable, plusieurs architectes se sont réuni-e-s en assemblée générale au mois de juin dernier. Ils-elles ont décidé de lancer une pétition à l’attention du Conseil d’Etat et des partenaires sociaux, exigeant notamment des salaires dignes dans la branche. (https://www.change.org/archi-en-col...)
L’AGA justifie des salaires indignes, remet en cause les compétences de son personnel après 6 ans d’études et annonce une future augmentation de salaire trompeuse
Dans un article du Temps du 23 août traitant de ce conflit social, Monsieur Jacques Bugna, membre du comité de l’AGA et des instances paritaires, justifie le salaire misérable à l’engagement de frs 4’890 bruts d’un-e architecte (titulaire d’un master) à Genève, en ces termes : « il est normal que les salaires des architectes commencent plus bas que ceux des ingénieurs. Les architectes sont des généralistes. Au sortir des études, ils ne connaissent pas beaucoup de dimensions liées aux lois, aux coûts ». Nous pourrions traduire ces propos de la façon suivant : « vos études supérieures ne vous servent à rien, il va vous falloir trimer dans la vraie vie avant d’espérer toucher un salaire correct ».
Le personnel des bureaux d’architectes prend acte de ce dénigrement, comme il prend acte de l’annonce du même Monsieur Bugna d’une prochaine augmentation des salaires minimaux à 63‘000 francs annuels, comme contre-feu à ce véritable scandale des bas salaires ! Et ce, comme s’il s’agissait d’une avancée majeure convenue avec son nouveau partenaire privilégié.
L’honnêteté intellectuelle aurait dû conduire Monsieur Bugna à informer la journalise, et par conséquent le public, que ce salaire minimum (SML) avait déjà été accordé dans le cadre des négociations avec les syndicats SIT et UNIA. Force est de constater qu’acculé par une situation qui le dépasse, il est prêt à utiliser des arguments fallacieux pour casser le mouvement de protestation créé autour de cette injustice sociale. A ce propos, relevons qu’il n’a pas donné la moindre explication crédible quant au fait que les architectes valaisans – dans un canton où le coût de la vie est très largement inférieur à celui de Genève – gagnent déjà, à conditions égales, frs 72’000 par année ! CQFD
Enfin, la réponse de Monsieur Bugna justifiant le salaire inférieur au SML des dessinateurs-trices au bénéfice d’un CFC orientation architecture est tout bonnement scandaleuse. Vantant un avenant à la CCT pour cette catégorie d’employé-e-s, il ne précise pars qu’il est calqué sur un salaire de frs. 4’321 bruts par mois, largement insuffisant. En effet : il correspond au salaire minimum légal voté par le peuple genevois pour lutter contre la précarité.
Les syndicat SIT et UNIA se devaient de réagir face à tant de mauvaise foi. Ces prochaines semaines, nous serons particulièrement attentifs et actifs pour soutenir les architectes et leurs collègues dans leur combat légitime. Nous veillerons tout particulièrement à ce qu’aucune mesure de représailles ne soit prise à l’encontre des salarié-e-s mobilisé-e-s pour obtenir une nouvelle CCT socialement équitable.
A ce stade, concluons en annonçant que la pétition rencontre un franc succès puisque, en quelques jours seulement, 800 signatures ont déjà été récoltées.